Approche et terrain
Renaud Payre
Manuels : Jacques Lagroye, Dormagen et Bouchard, Braud
Introduction
I) D’un savoir à une discipline
« C’est l’université de Berlin qui a triomphé à Sadowa. Ne faut-il pas créer l’élite qui de proche en proche donnera le ton à la nation. Refaire une tête au peuple, tout nous ramène à çà. » Nous sommes en février 1871, la France vient de subir une terrible défaite à Sedan. Le Second Empire vient de s’effondrer et que la Commune est sur le point d’être clos. Emile Boutmy réfléchit à la nécessité d’instaurer un enseignement supérieur destiné à l’élite qu’il baptise « Sciences Politiques » : « L’enseignement nouveau s’adresse aux classes qui ont une position faite et qui ont le loisir de cultiver leu esprit. Ces classes ont eut jusqu’ici la prépondérance politique mais elles sont menacées, contraintes de s’incliner devant le droit du plus nombreux. Ces classes qui se nomment elles-mêmes des classes élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable. » L’école de sciences politiques s’ouvre en 1872, rue St Guillaume, à Paris. Boutmy est né en 1835 dans en milieu aisé mais son père meurt ruiné en 1848. Il grandit dans le milieu parisien du protestantisme social dominé par Emile Girardin. Dans son école, il mêle des cours d’Histoire, de Géographie, de Droit et d’Economie. Boutmy est un savant, il produit des essais sur la psychologie politique anglaise et un essai sur la psychologie politique américaine. L’école libre possède un objectif politique précis : expliquer ce qui est la politique du temps présent. L’école libre des sciences politiques devient rapidement un lieu de préparation pour le concours aux grands corps de l’Etat. Emile Boutmy meurt en 1906. Cette école est finalement l’avatar d’un projet ancien visant à créer une école pour les grandes administrations. Condorcet visait à produire un rassemblement des sciences morales et politiques