Article Socco 1150 1944 1999 Num 36 1 1730
SYLVAIN AQUATIAS
CANNABIS : DU PRODUIT AUX USAGES
FUMEURS DE HASCHICH
DANS DES CITES DE LA BANLIEUE PARISIENNE
RÉSUMÉ : L’observation ethnographique de jeunes fumeurs de cannabis dans des cités de
banlieue parisienne montre comment les méthodes de consommation sont liées au contrôle social des familles dans la cité. La dissimulation, mais aussi le contrôle de soi, deviennent des règles informelles dans les groupes de fumeurs de cannabis. Les conduites d’excès ne sont cependant pas absentes et prennent corps dans les longues périodes de désœuvrement et d’ennui ou dans les occasions à caractère festif. Les conditions sociales dans lesquelles se trouvent ces jeunes gens jouent directement sur les différentes périodes de consommation, qu’elles soient régulées ou excessives. Le travail et les relations sociales entretenues dans la cité influent sur les modifications des consommations dans les parcours. La facilité avec laquelle les fumeurs passent d’un type de consommation à un autre montre que le cannabis est une « drogue molle » dont les usages peuvent être aussi bien doux que durs.
Les critères qui déterminent l’admissibilité d’une drogue dans un pays sont multiples et tiennent autant à la culture et à l’histoire qu’aux dépendances qu’elle est susceptible de provoquer. Ce qui fait craindre les usages de substances psychotropes, c’est bien qu’ils peuvent entraîner des personnes à ne plus respecter les règles de la société, ce d’autant plus que l’usage des drogues, dans les sociétés occidentales modernes, est lié à des représentations de la jeunesse contestataire ou/et marginalisée. Or il est un produit qui pose bien des problèmes aux législateurs puisqu’il est réputé être une « drogue douce » : le cannabis. Le statut ambivalent de cette plante dans l’opinion publique en fait un enjeu considérable pour les tenants de la dépénalisation ou de la légalisation comme pour ceux de la prohibition des drogues. La remise en cause des