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PAUL ARDENNE "JE DEMANDE QUE L'ON FASSE BIEN ATTENTION AU CONTEXTE.
À TOUS LES CONTEXTES. À CE QU'ILS PERMETTENT, CE QU'ILS REFUSENT,
CE QU'ILS CACHENT, CE QU'ILS METTENT EN VALEUR - DANIEL BUREN 1
Les formes traditionnelles d'art politique se déclinent selon trois modalités, parfois mixées: la tutelle (l'artiste obéit au code dominant: ainsi de l'art totalitaire), la collusion (il constitue ce code de plein gré: l'art révolutionnaire), l'opposition (l'artiste comme figure du refus). Deux modalités au moins, collusion et opposition, signalent la liberté de l'artiste, une liberté pour l'essentiel acquise depuis deux siècles avec la modernité et l'effondrement, que consacre cette dernière, du régime académique. Ces modalités restent aujourd'hui pleinement d'actualité, lors même que se modifient depuis un siècle les formes d'art soucieuses d'écrire "le" politique, qu'il s'agisse de le célébrer ou de le critiquer.
L'émancipation de l'artiste, acquise à compter du XIXe siècle, c'est aussi, de concert, l'émancipation des pratiques artistiques, en particulier dans le sens d'un art plus ostensiblement "contextuel". Recourant à l'intervention directe, l'expression ne se suffit plus de représenter mais se veut active, projetée jusque dans le corps même de la vie politique, la cité. Cette mutation pratique n'est pas sans conséquence. Outre que l'artiste agit dorénavant sur le terrain de la réalité, il s'implique à présent à l'intérieur d'un périmètre qui est aussi celui, en direct, de la politique. Et, bien souvent, pour des mobiles eux aussi politiques, du désir d'accroître une présence à la volonté d'affirmer un pouvoir ou un point de vue spécifique concernant la vie et l'organisation de la polis.
L'objet de ces lignes, justement? Interroger en quoi l'émergence de cet art "contextuel" bouscule les habituels rapports art-politique, en quoi il configure et dessine, en soi, une forme nouvelle de