Au bonheur des dames
Le propriétaire du magasin, Octave Mouret, a organisé une « journée de grande vente ». Alors que la journée touche à sa fin, il contemple, du haut d’un escalier, la cohue des acheteuses qui continuent à se presser dans les rayons. Zola, toujours habile à évoquer les foules, recrée pour nous l’atmosphère de ce grand magasin. A travers cette évocation, toutefois, il trace le portrait d’un homme, Octave Mouret, et se livre à une réflexion critique sur la place que conquiert le commerce dans la société de son temps.
Cette « journée de grande vente » se caractérise par une atmosphère de fièvre. Partout règnent l’agitation et le désordre. C’est la cohue, dont la confusion est merveilleusement évoquée par Zola. Du haut de son escalier, Mouret ne distingue que des têtes, ou bien encore des silhouettes contrastées : dans ce peuple de femmes, jeunes et vieilles, « les ombres noires s’(enlèvent) avec vigueur sur les fonds pâles ». La foule est réduite à l’anonymat, que traduit bien le pronom indéfini : « On commençait à sortir .» Pour mieux dépeindre le mouvement de la foule, l’auteur a recours à une image : celle de la mer. Nombreux sont ainsi les termes qui appartiennent au même champ lexical : « de longs remous brisaient la cohue, la fièvre de cette journée de grande vente passait comme un vertige, roulant la houle désordonnée des têtes. » La phrase finale, enfin, souligne l’ampleur du mouvement, qui s’étend à tous les rayons : « il les voyait (…) s’entêter au travers de l’énorme charpente métallique, le long des escaliers suspendus et des ponts volants ». Cette agitation de la