Balzac, Le chef-d'oeuvre inconnu
Le personnage est vu selon plusieurs perspectives.
1. Le regard du peintre en focalisation interne
C'est d'abord à travers les yeux du jeune Nicolas Poussin qu'on voit le vieillard : le regard du peintre colore la focalisation interne et montre un portraitiste attentif aux reliefs du visage parce qu'ils accrochent la lumière (« le jour faible »), expriment le caractère, la personnalité du modèle dont le tableau devra rendre compte.
Nicolas Poussin essaie de déchiffrer, d'interpréter ce personnage problématique en utilisant son intuition d'artiste. Il forme des hypothèses à partir des indices et des signes que lui fournissent les vêtements, la « démarche », les particularités de cet individu qu'il « examin[e] curieusement », c'est-à-dire avec curiosité.
Il fait une première supposition (« il devina dans ce personnage ou le protecteur ou l'ami du peintre ») qu'il prolonge par un commentaire affectif, « espérant trouver en lui la bonne nature d'un artiste ou le caractère serviable des gens qui aiment les arts ». Un examen plus approfondi remet en question cette hypothèse à partir de « mais il aperçut... » et Poussin marque l'incertitude que lui suggèrent ses observations par des modalisateurs, tels que « quelque chose », « je ne sais quoi », « devaient ».
2. Le regard du romancier et la participation du lecteur
Le narrateur prend alors le relais : il intervient et superpose son regard à celui du peintre. Curieusement, il fait entrer le lecteur dans le récit, fait appel à son imagination par des impératifs successifs (« imaginez », « mettez cette tête », « jetez ») : le lecteur participe ainsi à l'élaboration du portrait.
Le narrateur-romancier se comporte lui-même en peintre dans la création progressive du portrait, traçant des lignes, jouant en virtuose des couleurs (« vert de mer ») et des « ombres », des contrastes entre l'éclat de la « dentelle étincelante » et le « pourpoint noir ».
Ce double