La « marche de la mort »
Donc décembre, la fin de l'année 44, je vois qu'à l'est de l'Europe les grandes offensives russes déclenchées qui vont après la bataille de Stalingrad, après la bataille de Kourks, après toute l'avancée, la pénétration en Pologne, les Américains et leurs alliés les Anglais prennent l'offensive à l'Ouest, et les Russes mènent la vie dure à l'Est, et on commence, aux environs d'Auschwitz, à savoir que l'offensive que mènent les Russes va les mener jusque-là. On espère qu'ils vont arriver, mais c'est plus facile d'espérer que de faire, hein, ce sont des multitudes humaines immenses qui sont dans les combats, on compte en millions d'hommes les gens qui se battent, de part et d'autre, hein, des foules immenses. Nous avons appris par les communiqués. On a appris la géographie détaillée de l'Europe et, en janvier 45, l'ordre vient de la hiérarchie SS, il faut évacuer les camps de Silésie, c'est-à-dire essentiellement Auschwitz et ses dépendances. Il y a, en Silésie, plus de 40 camps, qui sont, à des titres divers, des dépendances d'Auschwitz. En Pologne même, il y avait déjà eu Belzec, Maïdanek, des camps qui ont été libérés par les Russes quand ils ont envahi la Pologne, mais la connaissance n'en a pas tellement été portée au grand public, d'abord parce que toute avancée militaire est d'abord un secret militaire. Bien. Et ensuite ces noms ne signifiaient pas grand-chose pour les Occidentaux. Les déportés de l'Occident, s'agissant des juifs, ont été principalement à Auschwitz. Donc le nom a une résonance que n'ont pas les autres quand s'est ouvert en Pologne, et pour l'opinion française en règle générale, même le nom d'Auschwitz ne dit pas plus que Mauthausen ou Buchenwald, qu'on a entendus sans savoir exactement de quoi il s'agit puisque ces camps seront libérés plus tard.

Et on va nous amener donc d'Auschwitz, d'abord à pied, en plusieurs jours, nous sommes en janvier 45, il fait en moyenne - 20°C, nous avons au départ reçu la ration disons