Baudelaire face à la morale bourgeoise de la fin du 19eme siècle
Cette année 1949 a lieu le pourvoi en cassation de la condamnation de Charles Baudelaire. Elle a été entreprise par la Société des Gens de Lettres de France. C'est en apprenant cette nouvelle que me vint l'idée de publier un journal intime, enfoui depuis longtemps dans une vieille armoire. Ce document appartenait à feu mon grand-père, qui me le légua avec son mobilier, qui malheureusement tient figure d'antiquité dans nos années 1900. Ce dernier, qui vécut de 1836 à 1903, a retracé dans ce journal son quotidien sous le Second Empire, et notamment sous sa première période, dite « autoritaire ». C'est avec une grande admiration que j'entrevois cette époque, foisonnante de personnages illustres et portés à l'immortalité par la postérité. Ainsi, Hugo, Flaubert et Baudelaire ont su affirmer leur personnalité artistique à une époque où sévissait la censure. C'est pourquoi certains ont du subir des procès, comme par exemple Baudelaire, pour son recueil des Fleurs du mal. Je me suis alors demandé dans quelle mesure ses poèmes ont pu remettre en cause les valeurs morales du Second Empire. Les écrits de mon aïeul, par la description de réunions mondaines, son questionnant face à l'oeuvre de Baudelaire et sa relatation du procès de 1857, ont su répondre à mes interrogations. Je dois néanmoins vous prévenir que j'ai pris la liberté d'apporter quelques modifications au texte initial. Ainsi, j'ai supprimé les passages que je considérais comme inutiles et j'ai adapté, d'une part, son langage à celui d'aujourd'hui, d'autre part le ton d'un écrit intime à celui d'un récit destiné à être lu par tous.
I Hypocrisie sous le second Empire a) Valeur morale
1. Autorité
25 janvier 1857 Cet après-midi, je me suis rendu au salon de Madame de Clatigny dans le quinzième arrondissement, quartier refait il y a peu par le baron Haussmann. Au passage, je dois dire que