Belle du seigneur
Belle du Seigneur dont la rédaction commencée dans les années 1930 a été interrompue par la Seconde Guerre mondiale a longuement été repris, corrigé, augmenté. Le roman a été finalement publié par les éditions Gallimard en 1968. Certaines scènes burlesques ont été retirées du livre à la demande de l'éditeur Gaston Gallimard puis publiées séparément sous le titre Les Valeureux en 1969[1].
Troisième volet d'une tétralogie qui commence avec Solal (1930) et Mangeclous (1938), ce roman a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française. L'auteur y entrecroise et superpose les voix des personnages et dans les cent six chapitres se mêlent la passion et la drôlerie, le désespoir et les exaltations du cœur. Le roman raconte en effet l’amour fou d’Ariane et de Solal, mais aussi d'une certaine façon l'amour de Cohen pour la langue française et pour l’écriture[2].
Belle du Seigneur est considéré comme l'un des très grands romans de langue française du XXe siècle, qualifié de « chef d'œuvre absolu » (Joseph Kessel), « comme une culture en produit une douzaine par siècle » (François Nourissier)[3]. Il connaît aussi un succès public de très grande ampleur et demeure la meilleure vente de la collection « Blanche » des éditions Gallimard[4].
L'édition utilisée pour étudier Belle du Seigneur est l'édition Folio 2007 (comprenant 1 110 pages). On signale que certaines citations n'ont pas de ponctuation et comportent des fautes d'orthographe. Il s'agit de la volonté de l'auteur et non pas d'erreurs typographiques.
La trame romanesque
Le récit commence en Suisse, à Genève au milieu des années 1930.
Dans la première partie (le 1er mai 1935), Solal s'introduit chez Ariane Deume, une belle jeune femme qui l'a ébloui lors d'une soirée, lit son journal intime. Déguisé en vieillard juif, il se déclare avec lyrisme et passion. Mais Ariane, effrayée de l'intrusion de ce vieillard hideux,