Belle epoque
La poésie au tournant du siècle : rappel historique
Aux lendemains de quatre ans de sanglants combats, les Français se souviennent avec une certaine nostalgie de la période d'avantguerre, charnière entre le XIXe et le XXe siècle, et créent le concept de « Belle Époque » désignant un « âge d'or » à jamais révolu, et pour cette même raison, d'autant plus idéalisé. Dans cette optique, la première décennie du XXe siècle paraît animée par un climat d'euphorie, de raffinement et de plaisirs. C'est l'époque où la jet-set se retrouve en hiver sur la Côte d'Azur ou à Biarritz en automne, où les soirées au Casino de Monte-Carlo sont brillantes, où l'on embarque à bord du légendaire Orient-Express pour rallier les non moins mythiques capitales de l'Europe centrale encore parties intégrantes d'un Empire austro-hongrois sur le déclin : Vienne, Prague, Budapest... Les luxueux paquebots transatlantiques faisant la liaison entre l'Europe et l'Amérique symbolisent l'optimisme triomphant de cette génération friande de modernité et de nouveautés techniques, alors que n'a pas encore sonné le glas prophétique du naufrage du Titanic en 1912, qui devait précéder de peu celui de toute une époque... Euphorie donc, de ces années 1900 à 1914, que les documents filmés de ce temps parviennent encore à nous faire partager ; un parfum de légèreté et de bonheur semble effectivement émaner de ces images tournées par des cameramen encore peu sûrs de leur art lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1900, où l'on voit des dames chapeautées à robe longue et à taille fine s'extasier devant un tapis roulant en donnant le bras à des messieurs portant canotier, moustache et monocle... Les peintres fixent sur leurs toiles ces moments privilégiés : pensons ici au Coin de table de Chabas ou au Rendez-vous des cyclistes au bois de Boulogne de Jean Béraud... Proust n'est pas loin ! C'est aussi l'époque de l'Art Nouveau qui fleurit en France avec les frères Daum, Gallé et