Bilinguisme
et bilinguisme diglossique : deux
exemples comparatifs avec Hijo de hombre de Roa Bastos et L’allée des soupirs de Raphaël Confiant .
(communication du 08/04/00 à O.R.A.C.L.E, Université de la Réunion)
Pierre COY
Rappels théoriques et présentation des œuvres.
Ce modeste travail fait suite à ma thèse consacrée à la formation d’une langue littéraire au Paraguay et qui tendait à mettre à jour les rapports particuliers entre pratiques linguistiques populaires et littérature. Dans cette dernière je montrais comment finalement l'édification d'une langue littéraire dans un milieu de bilinguisme diglossique était doublement problématique en raison même du double conflit à résoudre fictivement. L'argumentation était sous tendue par des présupposés théoriques . Il convient donc ici de les rappeler brièvement mais précisément. En fait le problème s’inscrit dans une problématique à la fois sociolinguistique et sociocritique . En effet penser les relations entre langue populaire et langue littéraire invitait implicitement à une double approche . Le premier concept à envisager, dans ces conditions , à savoir la diglossie, relève de la sociolinguistique ou plus
précisément d’une certaine sociolinguistique. Le concept semble en effet être partiellement à l’origine d’une certaine partition entre la « sociolinguistique statique »( le terme est utilisé par Patrick Sauzet de l’université de Montpellier) et la sociolinguistique « périphérique » ou encore « militante »( l’expression est de Andres Kristol du centre de dialectologie de l’université de Neuchatel).Pour la première la diglossie est une répartition fonctionnelle des langues ou des formes d’une langue sans qu’il y ait nécessairement conflit dans la mesure où chaque usage correspond à une fonction sociale lesquelles n’entrent pas en concurrence étant de nature différente . C’est le linguiste Fergusson qui le premier a proposé cette approche dans un article de 1959 ( diglosia, word, 1959, 15