Heureux qui comme Ulysse a fait un Lize Alexis beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Les Voyages
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux
Que des palais Romains le front audacieux
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim DU BELLAY

L'invitation au voyage Demain, dès L’aube

Mon enfant, ma soeur, Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Songe à la douceur Luxe, calme et volupté. Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
D'aller là-bas vivre ensemble ! J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Aimer à loisir, Vois sur ces canaux Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Aimer et mourir Dormir ces vaisseaux
Au pays qui te ressemble ! Dont l'humeur est vagabonde ; Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Les soleils mouillés C'est pour assouvir Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
De ces ciels brouillés Ton moindre désir Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Pour mon esprit ont les charmes Qu'ils viennent du bout du monde. Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Si mystérieux - Les soleils couchants
De tes traîtres yeux, Revêtent les champs,