La première partie du texte est constituée de couples de propositions qui opposent et comparent la force et la justice. Et, pour commencer, Pascal expose comment l'une et à l'autre s'imposent à nous: "Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi." Ce qui est juste comme ce qui est le plus fort doivent être suivis, c'est-à-dire qu'on doit s'y soumettre, leur obéir. Par ce qui est juste, il faut entendre ce qui est conforme à la justice, c'est-à-dire à des principes qui règlent de manière équitable d'une part les rapports entre les personnes et d'autre part les rapports entre les personnes et les choses. La justice n'est donc pas ici l'institution judiciaire, mais une idée qui recouvre un ensemble de principes. Dire qu'il est juste de suivre ces principes dans nos actions, c'est dire que c'est notre devoir de les respecter, précisément parce qu'ils ont une valeur qui commande qu'on s'y soumette.
Par ce qui est le plus fort, il faut entendre ce qui, au moyen de sa force, est capable d'exercer un pouvoir sur ceux qui sont moins forts que lui, c'est-à-dire d'exiger et d'obtenir d'eux qu'ils lui obéissent, en l'occurrence par la menace d'avoir à subir ses rigueurs. Qu'il soit nécessaire de suivre le plus fort tient précisément à sa suprématie. Mais si c'est nécessaire, ce n'est pas juste : on doit se soumettre au plus fort par prudence ou parce qu'il ne nous laisse pas d'autres choix, pas parce que c'est notre devoir de le faire. On n'obéit pas à la force comme on se soumet à la