Bleu de pastoureau
Dans son livre « Bleu », l'auteur va non seulement s'appliquer à analyser ce dernier mais également l'évolution des couleurs dans les sociétés occidentales depuis le Néolithique jusqu'au Xxème siècle, en évoquant les bouleversements sociaux, politiques ou religieux, et parfois même économiques des siècles charniers de l'Histoire à travers celle des couleurs et de leurs usages. L'auteur fournit un travail complet dans la maîtrise des époques, des évènements, mais également dans les parallèles constants établis entre le bleu et les autres couleurs, ce qui sous-entend qu'ici le travail d'analyse a davantage la volonté de montrer en quoi les couleurs sont des faits sociaux, dans l'articulation et les évolutions conjointes de ces dernières entre elles.
Il introduit son ouvrage en expliquant la relation entretenue entre les couleurs comme objet d'étude et les différentes sciences sociales, telles que la neurobiologie ou la psychanalyse. Or, en tant qu'historien, l'auteur souligne le manque d'intérêt portée par l'étude des sociétés sur la couleur et son rôle au sein de l'évolution de ces dernières. Pour lui, la couleur comme objet social est une construction perpétuelle inhérente aux peuples, et à leurs changements constants. La couleur est culturelle et subjective à l'échelle des civilisations et porte avec elle les éléments constitutifs et fondateurs de ces dernières.
Or, la couleur est un objet difficile à étudier, l'auteur le répètera souvent dans l'ouvrage par l' évocation de la complexité de certains supports d'analyse, comme les matériaux, ce qui souligne les conditions avec lesquelles le scientifique doit travailler : celles qui, rattachées au temps, à l'usure, et à la transmission de documents-témoins au fil des siècles, ont pu s'abîmer, changer d'aspect. La seconde difficulté, méthodologique, s'inscrit dans l'obligation pour l'Historien de choisir un axe de recherche parmi tous ceux