Nous pouvons déjà remarquer que si la sagesse est ce qui permet de bien juger des fins, des biens et des moyens positifs (jugements, actions et vertus) de les atteindre dans sa pratique, elle revêt aussi un sens négatif, héritage lointain et vulgarisé d'une certaine idée du stoïcisme. La sagesse, connaissance juste des choses, "parfaite connaissance de toutes les choses que l'homme peut savoir" (Descartes, lettre-préface des Principes de la philosophie), désigne couramment la modération et la prudence dans la conduite, et un art de vivre supérieur qui met à l'abri le "sage" de ce qui tourmente les autres hommes : malheurs et crimes principalement, souffrance, maladie, faute, passions, crainte de la mort, remords et repentirs, déceptions, échecs, etc. La sagesse apparaît comme une sorte de médecine, de prophylaxie, donc une technique et une habileté supérieures pour éviter les maux, mais surtout pour s'en accommoder. Dans ce cas, la sagesse constitue l'ensemble des moyens recommandés par une philosophie ou éprouvés par la "sagesse des nations" (proverbes, dictons, adages, préceptes, apophtegmes, aphorismes, méthodes - Coué par exemple! -, conseils, exhortations, voire "trucs") sous la forme de maximes qui visent à donner des règles pour atteindre ses fins, son bien ou l'absence de maux (souffrance, erreurs fatales, fautes préjudiciables, transgressions dangereuses et crimes scandaleux...). Ces règles ont une valeur technique, pour autant qu'elles constituent des moyens pour des fins. Elles sont de l'ordre du pragmatisme ou de la prudence (au sens moderne du mot). Leur valeur n'est pas intrinsèque mais reste liée plus ou moins clairement et directement aux fins qu'elles servent, ainsi que nous l'avons déjà vu. La sagesse, la recherche des fins, l'éthique téléologique ont donc une validité ou une valeur conditionnelles. Les moyens de se préserver contre les atteintes du malheur, de la maladie et de l'échec n'ont que le prix qui peut légitimement être attribué à la