Bonaventure Des Périers
Il est né vers 1510 surement à Arnay-le-duc en bourgogne et mort en 1543 ou 1544 à Lyon. Il a passé quelque temps à Lyon, où il a aidé Étienne Dolet à créer ses Commentaires de la langue latine, ensuite il fut recruté dans le cercle de Marguerite de Navarre, comme conseiller, et après comme secrétaire de la reine. Ses œuvres personnelles sont de nature très différente. Les Nouvelles Récréations et Joyeux Devis, édités à Lyon en 1558, sont un recueil, dans le goût du temps, de nouvelles et historiettes, à l'imitation de Boccace, comme Marguerite elle-même l'a fait pour l'Heptaméron, au moins en ce qui concerne les nouvelles. La plupart des cent vingt-neuf nouvelles appartiennent au fonds traditionnel, mais Bonaventure ajoute un certain nombre d'épisodes de son cru ; il raconte de façon gaie, enjouée et souvent humoristique. Plus obscur est son Cymbalum mundi (1537), court dialogue en forme d'apologue, d'un scepticisme débridé ; adressé à Pierre Troycan, le texte est une satire des religions. Premier épisode : Mercure, symbole des malins et des voleurs, est dupé à Venise par deux ivrognes qui lui volent le Livre des destinées qui lui a été confiépar Jupiter; deuxième temps : Rethulus et Cubercus se disputent sans gloire la suprématie, leur affrontement ridicule ne les départage pas ; troisième morceau : vive critique des moines dans le ton d'Érasme ou de Rabelais, et parabole du cheval Phlégon, maltraité par son cavalier ; enfin : dialogue de deux chiens qui, connaissant leurs chaînes et sachant qu'ils peuvent recevoir le bâton, envisagent une forme de résignation assez morose, le silence ; ce à quoi la critique moderne a depuis lors donné le nom d'hésuchisme, et qui caractérise le courant évangéliste à l'heure de la répression.