Bourdieux américanisation
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L’américanisation de Pierre Bourdieu, sociologue de l’éducation et le sens éthique donné à cette « expérience américaine1 » dans la pensée d’un sociologue critique. Parler d’ « américanisation » de Pierre Bourdieu dans sa sociologie de l’éducation, c’est non sans sens du paradoxe tenter de retisser le fil liant Pierre Bourdieu à des discours mais avant, à des représentations. En guise de préalable historiographique, replaçons Pierre Bourdieu dans le champ des relations internationales intellectuelles et de la tradition des phénomènes d’ « import-export intellectuel » 2. Replaçons la pensée et les références comme issus d’une série de représentations. Et considérons que dans l’individu parle aussi le groupe, historique.
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Avant que de s’intéresser à l’ Amérique « cauchemardée » de
Bourdieu (celle-la même rêvée de l’exact contemporain de Bourdieu qu’est M. Crozier) et pour reprendre des clichés installés à propos de Bourdieu, il faut prendre en compte le contexte historiographique et historique de la vision qu’ont les français, et notamment les intellectuels des Etats-Unis dans les années 60. L’on peut mettre en évidence un accroissement manifeste du nombre d’études consacrées à une vision polémique, toujours discutée, mais désormais assumée et rendue « scientifiquement assumée et étudiable » du tropisme américain, et pour ce qui nous intéresse ici, du tropisme américain dans le cadre des études menées sur l’Ecole et plus précisément encore sur l’Université. (M. Heertsgaard, Bloomsbury, 2002), tropisme américain que met F. Weil en évidence dans sa dimension circonstanciée du tropisme américain dans l’historiographie française et notamment sociologique 4. Malgré cette conversion historiographique certaine (de la référenciation uniquement allemande et antiaméricaine au tropisme américain) la