Business et Ethique en voie de réconciliation ?

Comment réaliser des affaires dans un pays bafouant la liberté d’expression et les droits de l’Homme ? Commercer avec des dictatures est-il possible ? Tite Gatabazi, homme politique franco-rwandais, juriste et lauréat de la Cour des droits de l’Homme à Genève, s’exprime sur la question.

Quel est le risque réel de commercer avec un pays dictatorial ? D’après l’homme politique rwandais, l’instabilité sociale et l’absence de législation figée présentent le risque inévitable pour les entreprises de perdre tous leurs investissements du jour au lendemain: « Quand le système vacille, l’entreprise peut le payer très cher par la suite ». Il illustre alors ses propos des événements récents en Tunisie: « Le cas de la Tunisie n’aurait pas été si brutal sans l’écœurement des tunisiens de la corruption, de l’injustice, et du non-respect de leur dignité ». Une brutalité à laquelle ont dû faire face les entreprises proches de l’ex-Président tunisien Ben Ali, aujourd’hui accusées d’être étroitement liées aux malversations financières du Président déchu. D’après Antoine Sfeir, directeur des cahiers de l'Orient: "Toutes les sociétés privées étaient victimes de la corruption de Ben Ali, et elles sont désormais laissées à la portée de la population révoltée ».

Quelle est alors la responsabilité civique des entreprises dans les pays où elles s’installent ? Tout d’abord, Tite Gatabazi définit le champ d’application de ces entreprises: « Il ne fait pas oublier que le domaine des commerciaux reste économique, et non sociopolitique. Néanmoins, les entreprises sont responsables de leurs employés et de leurs conditions de vie ». Cette déclaration soulève l’enjeu de la prise en compte du niveau de vie de la population locale employée. En effet, il est suggéré pour les entreprises de s’engager concrètement à améliorer les conditions de la population environnante par le financement d’infrastructures scolaires, sportives, de transport,