Candide et Martin reviennent richissimes de l’Eldorado et débarquent en Europe où ils doivent retrouver Cunégonde et Cacambo. Avant de les rejoindre à Venise, candide décide, par curiosité, d’opérer un détour en passant à Paris. Le chapitre XXII qui se consacre à l’épisode est l’un des plus longs et des plus touffus de l’œuvre. Pour Voltaire, c’est l’occasion de régler quelques comptes personnels et de dresser une satire féroce de la société parisienne corrompue par le luxe, l’hypocrisie et l’appât du gain. À peine arrivé à Paris, Candide tombe malade et devient la victime de parasites attirés par son argent. Par son sens de l’ironie et de l’humour, Voltaire met ainsi en scène un épisode qui obéit à la caricature autant qu’au burlesque dans un monde à la logique détraquée.

Plan:

I) Des personnages caricaturaux

II) Des oppositions burlesques

III) Une logique déréglée, à la limite de l’absurde

1) Des personnages caricaturaux

Les personnages de l’épisode apparaissent comme des silhouettes privées d’individualité (l.5-7 et 12). Ils sont réduits à leur étiquette sociale, fait d’autant plus visible que les héros sont désignés constamment par leurs prénoms. Ces personnages sont plongés dans une sorte d’anonymat suspect par l’usage des indéfinis. Cet anonymat est renforcé par le pluriel et les accumulations (l.5-8) qui donnent l’impression d’un grouillement menaçant, d’un complot dirigé contre les héros. La métonymie (la querelle pour les protagonistes de la querelle, l.21) et la métaphore (les as, pour les tricheurs, l.26) montrent que ces personnages n’existent que par le vice qui les habite. La caricature est également rendue par des effets de grossissement parodiques (« fort », « tout », « très », « gros », « énorme », « prodigieusement », litote sur « sérieuse »). Sentiments, objets, situations : tout est démesuré dans l’épisode ce qui montre une volonté d’accentuer le trait. Enfin, Voltaire achève sa caricature par des antiphrases à valeur