Chamanisme
I-Concept et définition
1- Origine et histoire du terme
Le terme chamane prend ses sources dans la langue toungouze evenki (« saman » ou « çaman »), ou dans le mandchou homonyme et désigne littéralement un verbe signifiant danser, bondir, remuer ou la personne émue, soulevée, ou encore « celui qui sait ».
Il apparaît pour la première fois en français dans l'ouvrage Relations de Voyage de monsieur Evert Isbrand, rédigé par Adam Brand en 1699 et dans le Dictionnaire de l'Académie en 1842, et désignera assez longtemps une forme de charlatanisme ou de croyance emprunte de magie. Cette interprétation généralisante, associant le chamanisme à des individus doués de prestige magico-religieux dans des sociétés considérées alors comme « primitives » ou pour désigner des réminiscences archaïques dans des sociétés moins « primitives », ces approximations ont été autant de coups portés à ce mot et ont entaché sa valeur symbolique, souvent dans une fin dépréciative.
C'est grâce à la curiosité d'Arnold Van Gennep, à son refus de s'astreindre à l'approximation et à des a priori, postulant notamment que le terme « chamanisme », parmi d'autres a été adopté du récit de voyageurs et aventuriers et interprété en dilettante par l'ethnopsychologie pour un usage dangereux comme nous l'avons laissé voir ci-avant. (Van Gennep, 1903, 51)
Van Gennep permet ainsi de couper avec une tradition d'approches (par ailleurs peu approchées) méfiantes voire défiantes du chamanisme et ouvre la voie à des études plus sérieuses et surtout curieuses sur le sujet.
2- Interprétations hétéroclites du chamanisme
Le chamane, autrefois mot nébuleux, tend aujourd'hui à désigner tout individu pratiquant des rituels en appelant à certains dons magiques. De cette conception quelque peu généralisante émerge le foyer de bien des diversités, d'un potentiel mystique enivrant, et suscitant évidemment un fort intérêt ethnologique, sur lequel nombre de chercheurs se sont portés. De même,