Chaplin le dictateur
La scène du jeu Hynkel / globe terrestre-ballon, associée au prélude de l’opéra Lohengrin de Richard Wagner La scène incluant le prélude de l’opéra Lohengrin de Richard Wagner montre le dictateur Hynkel seul, dans son bureau, jouant avec un globe terrestre comme on le ferait avec un ballon. La musique commence alors que Hynkel, nommé « dictateur du monde » et comparé à un dieu par son ministre de la propagande, vient d’effectuer un saut pour finalement grimper au rideau, souriant bêtement. Hynkel, encore accroché en hauteur, demande à ce qu’on le laisse seul. Il descend finalement pour se diriger vers un gros globe terrestre dont il se saisit et avec lequel il se met à jouer (« Mon monde ! » dit-il alors en éclatant de rire). La musique suit le jeu de Hynkel avec la Terre-ballon qu’il manipule à sa guise. Hynkel est présenté là comme un personnage tout puissant (il a la Terre entre les mains). Son habit militaire renforce cette idée. La musique, qui marque ici le découpage narratif général de la scène (début et fin), vient nuancer cet aspect et donne un ton plus léger à la scène. Douce et mélodique, elle commence lentement et ne se développe jamais vraiment, restant dans une même ambiance « feutrée ». Elle renforce le caractère introspectif du début de la scène : Hynkel, ému, semble vouloir réfléchir à son statut de dictateur et de futur maître du monde (« Laissez-moi. Je veux rester seul. »). Elle développe les aspects expressifs de la scène : légèreté et humour d’un côté (jeu aérien avec le ballon ; décalage entre la musique et le côté militaire-dictateur) ; mais situation potentiellement inquiétante de l’autre (le personnage, même caricatural, reste un dictateur : il est le « double » d’Adolf Hitler). Le fait qu’Hynkel joue avec un « ballon » lui donne un caractère infantile, puéril, capricieux. L’éclatement du ballon, et donc de la Terre, à force de trop de