Charles baudelaire a une passante
Il s’agit de la rencontre entre le narrateur et une mystérieuse passante : une première partie (v.1 à 9) est consacrée à l’apparition de la femme ; la seconde (v.9 à 14) à une méditation du narrateur, où celui-ci analyse les répercussions intérieures provoquées en lui par cet événement. Cette structure binaire peut aussi s’analyser au niveau de l’énonciation : récit de 1 à 9, discours adressé à la disparue de 9 à 14. Au niveau des temps verbaux : passé simple / imparfait de 1 à 9, temps du discours (présent, passé composé, futur) de 9 à 14. Enfin, elle correspond à la structure du sonnet qui confère traditionnellement une unité de sens aux quatrains en les opposant aux tercets, eux aussi reliés par une certaine unité de signification (notons que par ailleurs, ce sonnet présente certaines irrégularités : deux systèmes de rimes au lieu d’un dans les quatrains ; distique en rimes plates situé à la fin du poème alors qu’il se trouve normalement au début du premier tercet).
b) Les étapes du récit
· Vers 1 : mise en place du cadre, un décor hostile.
Le premier vers du poème place le narrateur au centre du poème (« autour de moi ») et décrit le cadre de l’action, en mettant l’accent sur le bruit de la rue (« assourdissante », « hurlait »). Le vers comporte des insistances phonétiques : allitération en /r/ (4), assonances en /u/ et /ou/ (2 fois chaque son) qui imitent par leur dureté (/r/) leur stridence (/u/) ou leur gravité (/ou/) l’atmosphère sonore agressive de la rue. L’effet est amplifié par le double hiatus symétrique du début et de la fin du vers : « rue-assourdissante » (hiatus /u-a/) et « autour de moi-hurlait » (hiatus /a-u/). L’hiatus, qui rend la phrase difficile à articuler, a toujours pour effet d’amplifier la rugosité d’un vers. Tous ces effets convergent pour exprimer le décor hostile de la rue.