Cinna, corneille, acte iii scène 10
Bien las du complot mis en œuvre par ses interlocuteurs, l’empereur se confie à cœur ouvert sur ses doutes et ses sentiments, révélant un tout autre visage du tyran sanguinaire décrit par les autres personnages depuis le début de la pièce. Le second vers « Vous, Cinna, demeurez, et vous, Maxime, aussi. » suivi de la didascalie le traduisant souligne cette confiance accordée aux deux jeunes nobles : l’empereur est crédule, il se prépare à livrer des informations essentielles sur l’avenir de l’empire à des personnages qui complotent contre lui. En bon souverain, Auguste est franc, sincère et confiant, mais il fait également preuve d’une naïveté étonnante sans le savoir, en s’adressant ainsi à des traîtres. Ce qui souligne l’horreur du complot et plus largement l’ironie de la …afficher plus de contenu…
Ces vers sont des alexandrins et on remarque une alternance parfaitement régulière des vers masculins et féminins, disposés dans un schéma classique de rimes suivies. L’opposition de certains termes en fin de vers crée un effet poétique, par exemple avec celle de « rang » et « sang » (v.5-6), deux noms reliés par un principe de causalité : pour accéder au rang si convoité d’empereur, Auguste a dû verser du sang, ce qui revient à cette idée que l’homme est prêt à tout pour assouvir sa soif de pouvoir. On retrouve plus loin un effet similaire entre « dernier soupir » et « quelque désir » (v.13-14). Le contraste formé à partir des noms « charmes » et « alarmes » (v.19-20) crée une antithèse évidente qui rappelle ce que le statut de souverain lui a apporté de bon (ces « charmes ») et de mauvais (ces « alarmes »), tout en mettant en