Claude simon
La Route des Flandres est le septième des quelque vingt romans de Claude Simon, quoique les quatre premiers ne soient plus édités conformément à la volonté de l’auteur. En effet c’est seulement avec Le Vent en 1957 que l’auteur s’est libéré des influences du roman existentialiste et a affirmé sa « manière » propre. Ce roman qui a pour objet la seconde guerre mondiale a obtenu le Prix de l’Express. L’influence de Joyce et Faulkner y demeure lisible (chronologie et syntaxe déconstruites).
Le thème de la guerre, certains épisodes et personnages seront repris et indéfiniment réécrits, réagencés, refictionalisés jusqu’au Jardin des Plantes en 1997. La Route des Flandres, à l’instar de la plupart des romans de Simon n’a à proprement parler ni début ni fin mais l’auteur répondra à ses détracteurs dans le Discours de Stockholm en 1985 en réclamant pour le roman une crédibilité autre que celle conférée par la causalité sociale et psychologique : une vraisemblance suscitée par les associations et la contiguïté des thèmes, des souvenirs ou du lexique.
Résumé :
Sur le front en mai 1940 puis dans la baraque où ils sont prisonniers, Georges et Blum tentent de reconstituer l’histoire de de Reixach, leur colonel et cousin éloigné de Georges, jusqu’à ce qu’il soit abattu par un tireur embusqué après la désagrégation de leur régiment. Cette histoire, que Blum qualifie de « vulgaire histoire de cul entre une putain et deux imbéciles » est alimentée par Iglésia, le jockey et ordonnance de de Reixach qui leur raconte sa liaison avec Corinne, la femme-enfant, la « femme plus que femme », la pouliche, épouse du colonel. En reconstituant bribe par bribe cette histoire, ils fantasment celle de l’ancêtre Reixach, Conventionnel qui s’est suicidé - peut-être à cause d’une femme lui aussi - 150 ans plus tôt dans la maison où Georges vit toujours avec ses parents.
Six ans plus tard, après s’être évadé, c’est à Corinne elle-même que Georges rapporte