Cnadide ou loptimiste
La religion relève du domaine spirituel, et ne devrait pas, si l'on suit les préceptes du Christ, se mêler du pouvoir temporel, c'est-à-dire du pouvoir politique ou économique. Pourtant l'Église catholique, et tout particulièrement les jésuites, a des relations étroites avec les princes et la richesse.
Au Paraguay, les pères jésuites passent pour avoir créé un véritable royaume, qui entre en guerre avec celui d'Espagne. Ils ont des plantations prospères où ils exploitent durement les Indiens (chap. 14). Voltaire savait que la réalité historique était plus nuancée, comme le montre son Essai sur les meurs, où il reconnaît que les jésuites ont souvent protégé les Indiens contre la cruauté des colonisateurs européens. Mais la satire ne se prête pas aux nuances.
Dans Candide, la religion encourage la guerre. Les rois abare et bulgare « faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp», c'est-à-dire des prières remerciant Dieu pour son aide au combat (chap. 3). Au Maroc, les musulmans s'entre-tuent « sans qu'on manquât aux cinq prières par jour ordonnées par Mahomet» (chap. 11).
La religion est également complice de l'esclavage : le nègre de Surinam observe que, d'un côté, les prêtres chrétiens déclarent que « nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs », et que, de l'autre, ils laissent les catholiques traiter les Africains plus mal que des bêtes (chap. 19) et profiter de leur travail pour s'enrichir.
Le destin de frère Giroflée offre un autre exemple des liens entre argent et religion. Comme souvent à l'époque, où l'héritage familial n'est donné qu'à l'aîné des enfants, les cadets des riches, auxquels ils est interdit d'avoir un métier à cause de leur condition noble, sont contraints d'entrer dans le clergé, donc de rester célibataires, voire enfermés dans un couvent (chap. 24).
2. L'INTOLÉRANCE Pour Voltaire, le crime le plus grave est l'intolérance, qui le conduit à mépriser ou tuer ceux qui ne pensent pas comme soi,