Commentaire de texte l'illusion comique
Alors qu’à cette époque, Pierre Corneille est déjà reconnu pour ses talents de dramaturge grâce à la tragédie Médée (1635) il choisit de revenir, pour la dernière fois, à un genre considéré comme beaucoup moins noble par les doctes de l’époque : la comédie. C’est donc dans un contexte de mutations théâtrales caractérisé par la sédentarisation des troupes dans des théâtres parisiens, l’amélioration des conditions de représentation, la diversification du public, l’instauration de règles, que Corneille écrit, en 1636, L’Illusion comique, pièce dans laquelle il met en scène un père désespéré (Pridamant) qui cherche à retrouver son fils (Clindor) en fuite face à la sévérité paternel. Néanmoins, cette pièce recouvre un enjeu plus profond puisqu’il s’agit, également, d’une réflexion sur le théâtre, et plus particulièrement sur l’enjeu propre à celui-ci. Effectivement, la structure particulière du « théâtre dans le théâtre » poussée à son paroxysme puisque qu’elle est dédoublée du fait de la présence de deux pièces enchâssées (le premier enchâssement étant la vision de la vie de Clindor par l’intermédiaire des pouvoirs d’Alcandre et le second se révèle uniquement à l’acte V lorsque l’on comprend que cette vie est, en fait, une autre représentation théâtrale), nous conduit à nous interroger sur le caractère illusoire que l’on prête généralement au théâtre. Ainsi, nous étudierons la première scène de l’acte I, qui appartient exclusivement à la pièce cadre, en nous demandant plus précisément, si cette scène remplit les fonctions traditionnelles d’une scène d’exposition. Il convient donc, tout d’abord, de voir en quoi cette scène première revêt des caractères traditionnels, puis, nous étudierons, ensuite, les aspects atypiques de cette scène d’exposition.
Comme pour toutes premières scènes d’une œuvre théâtral le lecteur, et plus encore le spectateur, s’attend à ce qu’on lui présente des