commentaire de l'étranger de camus
« dans un univers soudain privé d’illusions et de lumières, l’homme se sent un étranger. Cet exil est sans recours, puisqu’il est privé des souvenirs d’une patrie perdue ou de l’espoir d’une terre promise. Ce divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor c’est proprement le sentiment de l’absurdité. »
Quand Camus pour appuyer son propos évoque certaines expériences significatives (l’écroulement des décors, la découverte de l’épaisseur du monde et parfois de l’inhumanité de l’homme même) quand il parle de la divine irresponsabilité du criminel, nul doute qu’il ne songe à son roman. Cela dit l’Etranger met en évidence une difficulté que la dialectique de l’essayiste masque plus ou moins : « l’absurde n’a de sens que dans la mesure où on n’y consent pas ». Or comment un criminel qui voit que toute esquive est proscrite, qu’il ne peut se dérober à ce rôle qu’il doit jouer peut éviter le consentement ? La scène du crime n’est-elle pas elle-même une forme de consentement à la loi du hasard et du tragique ? Meursault N’adhère-t-il pas innocemment à cet ordre qui est voulu mais qui doit provoquer le chaos, pour entrainer cette révélation (apocalypse) qu’il ne saurait y avoir de culpabilité, et dès lors que tout le système judiciaire est absurde ?
C’est ce que nous tacherons de montrer en évoquant d’abord la forme de l’écriture qui semble suggérer une volonté d’objectivité absolue et de transparence, puis la mise en œuvre d’une écriture à la fois tragique et poétique qui vient se conjuguer à cette écriture lucide pour démontrer que l’Etranger s’il est un criminel n’est pas un coupable, mais qu’il consent à être sacrifié, pour la vérité. Comme le dit Camus dans ses