Commentaire entièrement rédigé de l'assomoir
1326 mots
6 pages
Le roman acquiert une portée considérable au XIX°siècle en se faisant notamment l’instrument de l’exploration de l’histoire et du monde. Au moment de la publication de L’Assommoir dont cet extrait est tiré, Emile Zola fit scandale parce qu’il introduisait dans l’univers du roman le monde ouvrier, avec son langage et ses mœurs, que le public lettré n’était pas disposé à juger digne d’un sujet artistique. Dans le passage qui nous intéresse, il nous présente un ouvrier au travail : tandis que « la Gueule d’Or » façonne un boulon sous les yeux d’une blanchisseuse qui, par sa présence, a conduit deux hommes à faire assaut d’habileté. Comment le regard de Gervaise transforme-t-il le portrait de Gueule d’or ? Nous sommes d’abord invités à saisir la grandeur du travail manuel du forgeron; cette leçon est renforcée par le regard Gervaise qui, amoureuse de « la Gueule d’Or », colore le spectacle de son affectivité ; enfin, la description perd tout caractère réaliste pour atteindre la dimension d’une vision épique.
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Tout d’abord, nous entrons avec Gervaise dans la forge et sommes ainsi invités à saisir la grandeur du travail manuel du forgeron. En effet, le texte propose un portrait en action de l’ouvrier. L’accumulation de la ligne 4 « jeu classique, correct, balancé et souple » accumule les talents parfaitement coordonnés du forgeron. On a davantage l’impression d’assister à un spectacle que d’être dans l’atmosphère sordide d’un atelier du XIX° siècle : l’homme qui travaille devant nous est un véritable artiste qui, stimulé par le défi et désireux de plaire à une femme, exécute, comme à la scène, un morceau de bravoure. Ensuite, le texte possède, à un certain degré, un caractère documentaire, dans la mesure où il contient des indications sur la technique de fabrication des boulons. On note ainsi le champ lexical relatif au travail du forgeron et de nombreuses précisions propres à l’écriture naturaliste : le