Dans la comédie, la relation entre maître et valet est très importante ; souvent le valet aide le maître à réaliser un projet. Ainsi, Figaro aide le comte Almaviva à épouser Rosine dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais. De même, on retrouve cette complicité entre Mariane et Dorine dans Le Tartuffe, acte II scène 3. Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, naquit en 1622. Il fit des études humanistes et obtint un diplôme d’avocat. Dès 1643, il se consacra au théâtre et fonda l’Illustre Théâtre, troupe qui s’effondra en 1645. Il quitta alors Paris pour un théâtre itinérant dans le Midi. Sur la route du retour vers 1658, il joua L’Étourdi à Lyon, pièce qui lui rapporta un grand succès. En 1659, Les Précieuses ridicules plurent davantage au public. L’École des femmes parut en 1662. De 1664 à 1669, Molière lutta pour faire représenter Le Tartuffe, dont la première version trop virulente avait été interdite. Il décéda en 1673.
Après qu’Orgon a annoncé à Mariane qu’il souhaite la marier à Tartuffe, Dorine fait des reproches à celle-ci car elle est beaucoup trop passive. Comment faire pour parer le plan ridicule d’Orgon ? Cette scène prolonge l’attente du spectateur en le laissant sur sa fin. Il convient, semble-t-il, d’étudier le comique de cette scène.

On distingue un comique de caractère dans l’opposition entre les deux tempéraments. Mariane apparaît dès le début de la scène comme une jeune fille influençable, timide, réservée voire même terrorisée par son père tandis que Dorine, la servante, est solide, franche, très ironique et reproche à Mariane son obéissance aveugle à son père. Elle n’hésite pas à se moquer ouvertement de ses maîtres. Elle ne manque pas d’assurance ; elle résume en quelques vers, autoritairement et ironiquement ce qu’aurait du rétorquer Mariane à Orgon.
Lui dire qu’un cœur n’aime point par autrui,
Que vous vous mariez pour vous, non pas pour lui,
Qu’étant celle pour qui se fait toute l’affaire,
C’est à vous, non à lui,