Commentaire si je mourais là bas
Les Poèmes à Lou, pourvus ou non d’un titre, ont été écrits entre le 8 octobre 1914 et la fin de septembre 1915. Leur facture est variée, depuis l’emploi rigoureux des mètres traditionnels jusqu’à la libre fantaisie du calligramme. Certains de ces poèmes, tous adressés à la femme aimée, constituent parfois des lettres entières mais la plupart sont des fragments versifiés de lettres par ailleurs rédigées en prose. Même isolés de leur contexte, les Poèmes à Lou ont assez de force pour être lus de manière autonome.
Le poème « Si je mourais là-bas… » est composé de cinq quintils suivis d’un vers solitaire, tous en alexandrins. Il évoque l’éventualité de la mort du poète, et ce qu’il résulterait de son amour pour Lou, figure, dans ce recueil, de la femme aimée.
Il s’agira de voir en quoi, malgré la sourde angoisse du poète de sa mort hypothétique, la poésie sert de refuge et d’espace d’espérance, dans lequel il parvient à retrouver Lou, son aimée. Nous verrons dans une première partie le souvenir ; puis, dans une seconde partie, l’omniprésence de la guerre ; enfin, dans une troisième partie, l’espoir jamais trahi du poète.
I Le souvenir
A/La structure commémorative : le chant mémoriel l’isotopie du souvenir : de nombreux termes dans le poème reprennent la trame du souvenir. Le terme souvenir lui-même apparaît à quatre reprises, au long du poème, et ce terme lui-même entraîne ses polyptotes (comme « souviens-t’en »). Hormis dans la strophe centrale, on trouve le terme « souvenir » dans chacune des strophes ; c’est dire que le poème dans son ensemble est dédié à la thématique du