Commémorations overlord
Les malentendus transatlantiques
Le 6 juin 2004, George W.Bush a assisté aux célébrations normandes: un signe infaillible du réchauffement transatlantique après la crise diplomatique de février 2003 sur la question irakienne. Depuis plus de soixante ans, en effet, la commémoration du Débarquement constitue un enjeu diplomatique entre Washigton et Paris.
« Sacrifice. They died for France but France has forgotten » (« Sacrifice. Ils sont morts pour la France mais la France a oublié »). En ce mois de février 2003, à un moment où les relations franco-américaines sont au plus bas, le quotidien le New York Post n'a pas de mots assez durs pour dénoncer la position française sur la question irakienne: par son opposition au recours à la force, la France oublierait le sacrifice des GI tombés à l'été 1944. La une du journal présente une photographie du cimetière de Colleville (Calvados), repris dans Courrier internationnal (20-26 février 2003), où reposent plus de 9300 soldats américains, et l'article de Steve Dunleavy, note: « Ces gosses sont morts pour sauver la France d'un tyran nommé Adolf Hitler. Et aujourd'hui, alors que d'aytres gamins d'Amérique se préparent à aller se battre et à mourir pour sauver le monde d'un tyran tout aussi monstrueux, Saddam Hussein, où sont les français? » Au delà de l'outrance du propos et des raccourcis historiques, cet article exprime un reproche ancien à l'encontre de la France: son ingratitude supposée à l'egard des sacrifices consentis par le peuple am éricain pour restaurer la liberté du Vieux Monde. De toute évidence, la mémoire du Débarquement reste un enjeu entre Paris et Washington. Il faut d'abord constater que, sans systématiquement s'opposer, les mémoires française et américaine expriment une vision différente de l'évenement. Vue de Washington, Overlord est une gigantesque opération militaire qui illustre la supériorité militaire des Américains et leur détermination à vaincre