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Et autres nouvelles à chute
Romain Gary
Édition présentée, annotée et commentée par Carine PERREUR, docteur ès lettres
1
Clefs de lecture
J’ai soif d’innocence
Action et personnages
1. Le narrateur considère-t-il Taratonga comme son égale ? Le regard qu’il porte sur elle change-t-il au cours de la nouvelle ?
Réponse :
Taratonga vit sur une « petite île perdue », loin du monde que le narrateur veut fuir. Celui-ci dit apprécier sa générosité mais la suppose, en même temps, incapable de connaître quoi que ce soit à l’art. Lorsqu’il déclare ne pas vouloir lui donner « l’impression qu’elle était une sauvage qui se servait des œuvres d’un des plus grands génies du monde pour faire des paquets », il révèle en fait le fond de sa pensée.
Taratonga est, selon lui, tout d’abord, son amie, celle qui accepte qu’il vive sur son île sans devoir dépenser d’argent. Elle est ensuite celle qui lui offre l’incroyable possibilité de posséder des toiles inconnues de Gauguin. Lorsque, soudain, elle cesse de lui donner ces toiles, elle passe de son statut d’amie valorisée, de grande dame, à celui de sauvage : « malgré toutes leurs qualités, les indigènes de Taratora ont également quelques graves défauts dont une certaine légèreté », s’exclame-t-il alors.
Ces « indigènes » redeviennent des « êtres merveilleux » quand Taratonga lui ouvre les portes de sa réserve de tableaux. Le regard du personnage sur Taratonga et son peuple évolue donc en fonction de ce qu’il pense pouvoir obtenir d’eux. Il ne considère jamais Taratonga comme son égale mais, selon les cas, comme une généreuse femme peu éduquée, comme une innocente sauvage ou comme une indigène sans importance.
Son regard change une dernière fois lorsqu’il apprend qu’elle n’est, en fait, pas du tout innocente, naïve et facile à tromper. Elle passe alors de l’« un des êtres les plus nobles » qui soit à un être méprisable avili par « les calculs les plus sordides ».
2. Taratonga est-elle aussi innocente et naïve