Le soleil pointe lentement à l’horizon, une nuit glaciale prend fin dans la vaste plaine désolée parsemée de monolithes aussi noir que la nuit. Quelques corbeaux tournent lentement dans le ciel de plomb attendant patiemment que les vautours finissent de déchiqueter les derniers cadavres, chacun son tour à la cantine et tout se passe bien. Au milieu de l’orgie barbare qui s’est déroulée la veille quelques hommes ratatinés, à l’air sinistres et sales passent entre les corps sans prêter la moindre attention au carnage environnant, ils semblent même plutôt heureux. L’un des mystérieux inconnu secoue un petit bâton en murmurant des incantations d’une voix gutturale, la terre frémit, le vent se fait plus glacial encore, les ossements épars s’assemblent comme un gigantesque puzzle, d’abord le torse et sa multitude de cotes qui rampent vers la colonne vertébrale, puis les jambes qui frétillent vers le bassin et enfin une tête dépourvue de mâchoire qui se fixe sur l’ensemble. Le squelette animé regarde fixement l’homme qui l’a fait revenir d’entre les morts et essaye stupidement de parler, il s’aperçoit bien vite que la partie basse de sa mâchoire est manquante et fait signe au nécromant de lui en donner une. Celui-ci esquisse un sourire mauvais et se tourne vers un de ses collègues qui à l’air de follement s’amuser avec des tas de chairs plus ou moins décomposés, comme un enfant s’amuse avec la neige il essaye semble t il de lui donner une vague forme humaine. « Hé t’as pas une mâchoire en rab ? » lui demande l’heureux possesseur de squelette muet. L’autre un peu surpris et sans doute un peu dur d’oreille ne daigna pas répondre ni regarder son collègue. Se sentant un peu ignoré et offusqué par un tel manque de savoir vivre, notre répugnant ami s’enquit d’un petit sortilège capable de rendre à son collègue un peu de lustre social, dans le genre maladie gênante touchant aux parties génitales, il commença à incanter jouissant d’avance de l’avalanche de hurlements râles et