Conscience écologique et pratiques jpbozonnet
Comment expliquer le hiatus entre attitudes environnementalistes et les comportements
Jean-Paul Bozonnet
PACTE – Institut d'Études Politiques de Grenoble BP 48 38040 Grenoble Cedex 9 Mail : Jean-Paul.Bozonnet@iep.upmf-grenoble.fr Site : http://bozonnet.googlepages.com/
Introduction
Le dilemme de l'écologiste citoyen s'apparente au paradoxe du pécheur de SaintAugustin : « Pourquoi est-ce que je fais le mal que ne veux pas et ne fais pas le bien que je voudrais ». De fait il existe aujourd'hui un consensus partagé par toutes les opinions publiques sur la nécessité de l'action environnementale, tant en Europe qu'en Amérique du Nord, voire même dans les pays émergents (Bozonnet, 2001, Kempton & alii, 1995). Et pourtant les pratiques individuelles demeurent désespérément faibles et les politiques publiques précautionneuses, en dépit des discours ambitieux et des promesses solennelles. Comment expliquer ce hiatus étonnant, aussi ancien qu'universel, entre pratiques domestiques et désirs d'écologie ?
Objectifs
Peu de travaux sociologiques systématiques ont été réalisés en France sur l'écart entre conscience et pratiques écologiques. Nous nous proposons ici de faire le point sur les principales théories disponibles, en les illustrant autant que possible par des données. Cette présentation ne se réduit pas à une simple liste, mais elle a une ambition comparative, permettant de situer chaque théorie par rapport à l'autre et par conséquent aussi d'ouvrir des perspectives critiques. A cette fin, nous regrouperons ces théories sous deux rubriques différentes, inspirées de la dichotomie de l'action selon Max Weber : celles qui sont fondées sur le choix rationnel et celles qui font appel aux valeurs. L'objectif sera donc d'évaluer la pertinence des différentes théories qui visent à rendre compte du passage de la conscience écologique aux pratiques domestiques, celle-ci se réalisant le plus souvent dans le cadre des politiques