Conte rendu de fraser, nancy, «justice sociale, redistribution et reconnaissance», revue du mauss, 2004/1 no 23, p. 152-164.
Nancy Fraser est philosophe et féministe post-structuraliste. Elle est professeure en science politique à la New School for Social Research de New-York. Fraser est également titulaire de la Chaire Repenser la justice sociale au collège d’études mondiales de Paris
Nancy Fraser souhaite problématiser la relation antithétique qui s’est développée entre la nation de reconnaissance et celle de redistribution. En effet, selon elle, les différentes théories contemporaines tendent à effectuer une séparation entre la reconnaissance de la différence et la redistribution dans une perspective de justice sociale.
Pour l’auteure, une réelle théorie de la justice doit incorporer ces deux éléments. Effectivement, l’auteure « tient pour acquis que, de nos jours, la justice implique à la fois la redistribution et la reconnaissance». Pour développer une théorie de la justice qui articule les deux paradigmes, la chercheuse va d’abord, comme nous allons le voir, illustrer qu’aucun des deux n’est en mesure de remplir seul les critères d’une théorie de la justice. Elle va ensuite élaborer une norme de justice, qui est celle de la parité de participation, sur laquelle va reposer son argumentaire. Elle souhaite démontrer que cette norme est universalisable et permet d’englober les deux paradigmes.
En premier lieu, les deux paradigmes offrent des compréhensions des inégalités ou de l’injustice, qui ne sont pas les mêmes. Pour celui de la reconnaissance, l’origine des injustices est culturelle alors que pour celui de la redistribution, elle est plutôt d’ordre socio-économique. Les remèdes seront donc fort différents, pour les uns il s’agit de changement dans la structure économique, pour les autres de changements d’ordre symbolique ou culturelle. Aussi « chaque paradigme repose sur une compréhension propre des différences entre le groupe », mais, selon l’auteur, toute injustice