En français, les classes de seconde avaient pour mission de rédiger une contre-utopie de 3-4 pages.

Elena nage en plein bonheur. Aujourd'hui elle a emménagé dans sa propre maison. Grande, confortable, lumineuse, elle ressemblait à celle de ses parents. La maison voisine aussi était grande et très esthétique. En fait tout le monde vivait dans une magnifique maison. Car tout le monde avait les moyens. Personne ne possédait plus que son voisin, aucun individu ne manquait de rien.
La première activité à laquelle Elena se livra dans sa nouvelle demeure fut d'allumer le mur. Dans cette pièce carrée qu'était le salon, un écran recouvrait un des quatre murs. Celui à droite de l'écran constituait une baie vitrée. On pouvait au travers contempler le magnolia en fleurs, au pied duquel se trouvait un petit point d'eau et des galets bien polis. Insensible à ce charme, Elena préférait de loin regarder l'écran. Elle était captivée par ces publicités qui lui promettent une vie idéale dans l'achat de choses.
Et une heure plus tard, la jeune femme prit son sac à main pour sortir quérir des choses. Elle acheta un mascara longs-cils-volume-extrême-sans-paquets-noir-profond-longue-durée. C'était qu'elle voulait être belle pour son chéri, Adam. L'homme qu'elle a rencontré sur Internet. L'homme de sa vie. Elle acheta notamment une nouvelle nappe anti-tâches pour leur dîner demain soir. Et un nouveau maillot de bain pour aller dans le jacuzzi. Mais toutes ces acquisitions étaient nécessaires. Il fallait qu'elle les achète. Sinon, elle ne trouvait pas le bonheur.
Les magasins ne se trouvaient pas loin de son habitation, aussi elle avait l'habitude d'y aller à pied. Sur le chemin du retour, en observant son reflet dans une vitrine, Elena heurta de plein fouet une jeune dame.
Elle se regarda dans la vitrine de nouveau, avec la jeune femme. Quatre visages identiques. Une pensée philosophique la traversa tout à coup. Comment vivait-on du temps où les gens possédaient chacun un physique