Corps et capitalisme
Jean-Marie BROHM
Compte rendu débat Malgré Tout Nantes le 29/10/94
Avertissement : Ce compte-rendu est issu d'une prise de notes, l'enregistrement n'a pas fonctionné. Ce texte est donc forcement partiel et partial, il manquera malheureusement l'ambiance de ce débat. Mais nous avons essayé de restituer l'essentiel des thèses développées ce jour-là. Vous pouvez également vous reporter à la revue que Jean-Marie Brohm anime depuis de nombreuses années : "Quel Corps ?".
Je vous proposerai de commencer par une tentative d'analyse globale pour parler ensuite de l'exemple particulier et significatif du sport. Si l'on veut essayer de comprendre le rapport qui unit le corps au capitalisme il faut, me semble-t-il, partir de la notion de colonisation du vécu.
La colonisation du vécu. Pour cette notion on peut repartir des analyses du philosophe allemand Habermas ou de celles de Reich en 1933. Ces analyses mettent en évidence l'instrumentalisation de la subjectivité des masses.
Le lieu où s'effectue cette colonisation, cette instrumentalisation, c'est le corps. Comme toujours c'est sous la lampe que l'on voit le moins clair. L'inscription idéologique rend opaque le corps singulier. L'inscription sociale passe par l'idéologisation du rapport au corps. Nous sommes face à un problème de non-intelligence de la situation, en particulier des problèmes liés au racisme, au sexe, au Sida ou à la peine de mort. L'exemple du sport montre bien qu'il faut interroger le rapport quotidien au corps. Pourquoi ne trouve-t-on pas de théorie de la mort dans le marxisme ? Il n'y a pas de point de vue critique sur la mort, hormis des pistes chez Reich et Marcuse.
Il y a un problème de réflexion critique sur le sexe, le corps, la mort, et la vie quotidienne. Nous sommes face à une absence. A chaque fois que dans les sphères militantes d'extrême gauche on aborde ces questions, la réponse est inéluctable : c'est secondaire!