Corpus sur Montaigne
Corpus pages 326/327
Montaigne reprend la question des philosophes sceptiques qui doutent du savoir commun, «Que sais-je», se demande-t-il au fil des Essais, un genre qu'il a inventé, où il confronte ses facultés de comprendre aux savoirs du passé et de son temps. Il se penche sur les questions essentielles de la morale, de la politique, de la civilisation. C'est l'homme et sa condition qui sont aux cœur de son projet. Le premier texte est la préface des Essais intitulé «Au lecteur» écrit en 1880. Les deux autres textes sont extraits de deux essais différents, «De l'affection des pères aux enfants» et de «Du repentir». Montaigne affiche le lien indissociable entre soi et son livre dont il se proclame la matière. Mais il revendique aussi de témoigner de la généralité de la condition de l'homme.
Tout d'abord, le projet de Montaigne a une dimension privée. En effet celui-ci s'adresse directement à ses lecteurs avec souvent un discours énoncé à la première personne «je» et les articles «mes», «mon» etc. Il interpelle également son lecteur directement avec «lecteur» à la ligne 1 de la préface. De plus à la fin de la préface, il signe lui-même avec «De Montaigne, ce 1er mars 1584» ce qui montre son implication. D'autre part, Montaigne se prend comme exemple pour illustrer son projet. Il veut que le lecteur le voit comme il est réellement avec à la ligne 8 du deuxième texte «je veux qu'on m'y voie dans ma façon d'être simple, naturelle et ordinaire sans artifice». Il veut partager avec le lecteur ses propres expériences et ses propres visions de la condition humaine. Par ailleurs, il se dit, je cite «être la matière de son livre» à la ligne 13 du deuxième texte. Montaigne nous fait également part de son état d'esprit et se confie à son lecteur ligne ½ avec «C'est une humeur mélancolique -et une humeur par conséquent très opposée à ma disposition habituelle […] produite par le chagrin de la solitude dans laquelle je m'étais jeté il y a