corpus
1 et 2. Le tragique, pour Corneille, repose sur des scènes violentes, des conflits puissants, des passions (« de grands déplaisirs, des blessures et des morts en spectacle », l. 3). Il se réfère à Aristote et Horace pour interdire une violence inhumaine (comme le meurtre de Médée). Mais il justifie par la colère et l’emportement le meurtre de Camille par
Horace. Médée tue de façon raisonnée, c’est un meurtre prémédité. C’est ce qui rend incompréhensible et insupportable l’assassinat de ses propres enfants, tandis qu’Horace tue sur une impulsion, non par vengeance, mais pour respecter son code d’honneur. Rappelons que, malgré cette distinction, Corneille a bien écrit une Médée, mais en début de carrière, à un moment où l’esthétique baroque acceptait davantage de violence.
3. Les ingrédients d’une tragédie pour Racine (l. 2-4) sont : une action noble avec des personnages aux valeurs héroïques, tourmentés par des passions les faisant souffrir dignement (« tristesse majestueuse », l. 4). Bérénice contient tout cela : les personnages principaux sont une reine et un empereur qui doivent choisir entre bonheur personnel et raison d’État. La pièce fait entendre la plainte lancinante, élégiaque de personnages pris dans ce dilemme et qui devront faire le deuil d’une des deux valeurs qui leur tient à cœur.
4. La règle est celle de la simplicité de l’action : la pièce ne comporte qu’une seule intrigue principale et est dépouillée de toute action secondaire. Même l’amour d’Antiochus pour Bérénice apporte peu à l’intrigue. Cette extrême concentration confère à