Cours de droit constitutionnel de la vème république
La Troisième République est le premier régime français à s'imposer dans la durée depuis 1789. Après la chute de l'Ancien Régime, la France a expérimenté en quatre-vingt ans sept régimes politiques: trois monarchies constitutionnelles, deux républiques et deux Empires. Ces difficultés contribuent à expliquer les hésitations de l'Assemblée nationale, qui va mettre neuf ans, de 1870 à 1879, pour admettre de renoncer à la royauté et proposer une troisième constitution républicaine. Les délibérations vont progressivement aboutir à instaurer une République parlementaire de type bicaméral, où les deux chambres de l'Assemblée Nationale, la Chambre des députés et le Sénat, ont quasiment les mêmes prérogatives.
La définition des caractéristiques du régime est elle-même marquée par les évènements passés. La rigidité du comte de Chambord, qui rappelle celle des derniers rois, et les divisions des royalistes entre légitimistes et orléanistes achèvent de ruiner toute idée de rétablissement de la monarchie, même constitutionnelle. Ce modèle a déjà échoué par trois fois et a coûté la vie à son brillant promoteur Antoine Barnave. De plus, la conclusion des deux premières républiques par la dictature d’un empereur milite pour une limitation du pouvoir exécutif : le coup d’État de Napoléon III, premier président élu au suffrage universel masculin, est encore un souvenir vivace. Sous la Troisième République, le président aura un rôle essentiellement représentatif : il ne gouverne pas mais joue un rôle d'arbitre et de gardien des institutions.
Dans un premier temps, la dynamique créée va implanter en France une solide tradition républicaine, grâce en particulier à l'école obligatoire, publique et laïque. Dans un second temps, l'usure et un affrontement éprouvant avec l'Allemagne vont mettre en évidence les conséquences néfastes d'un affaiblissement trop marqué du pouvoir exécutif et entraîner la chute