Cours sur l'art
L’art et l’esthétique, au sens où nous entendons ces termes aujourd’hui, sont des inventions récentes. La signification moderne du terme art date de la fin du XVIIIème avec l’identification des arts et des beaux-arts.
Auparavant, le terme d’art désignait, et ce depuis Platon, tout procédé de fabrication obéissant à des règles et aboutissant à la production d’objets. Mais si l'objet technique vise l'utile et satisfait clairement un besoin et n'est donc à ce titre l'oeuvre d'art en revanche n'a pas de fonction mais témoigne et signifie dans ce qu'elle donne à voir. Ou bien encore, alors que l'instrument ou la machine ne sont pas considéré pour eux -mêmes, n'étant que de simples moyens au service d'une fin qui leur est extérieure, l'oeuvre est au contraire considérée pour elle-même, selon ses qualités propres. Mais que ce soit l'oeuvre d'art ou l'objet utile, l'un comme l'autre témoigne d'un savoir-faire et obéissent à des règles de production, de composition. Mais ce qui sépare profondément les conceptions antique et moderne est le statut même du beau. Tandis que pour la philosophie antique il existe des critères de la beauté que l'on pourrait qualifier d'objectifs, l'époque moderne a subjectivisé cette notion en la couplant avec celle de goût. L'usage novateur que fait Baumegarten aux XVIIIème siècle du terme esthétique dans un ouvrage consacré à la formation du goût consacre la séparation définitive entre l'objet technique et l'objet d'art. La où le terme de technè en grec désignait toute espèce d'objet fabriqué, il est désormais réservé à l'objet purement utilitaire. L'oeuvre d'art elle devient source d'un plaisir singulier, capable de nous affecter sur un mode propre.
I La conception antique
Alors qu'aujourd'hui nous abordons les oeuvres pour elles-mêmes, les livrant à une interprétations afin de découvrir les significations qu'elles recèlent et insistons sur les intentions conscientes ou non de l'artiste, l'antiquité s'attache d'abord