Crise financière et audit
La Crise finanCière et L’auDit
LPC : On peut remarquer que dans le contexte de la crise financière actuelle, les medias n’évoquent que très peu le rôle des commissaires aux comptes. est ce normal ? faut-il s’en réjouir ?
D. Kurkdjian : Il n’y a aucune raison pour que l’on évoque le rôle des Commissaires aux Comptes dans la crise financière actuelle. Cette crise révèle le véritable schisme qui s’est instauré au fil des ans, entre l’économie réelle et l’économie financière. Cette décorrélation, définition même de la bulle, conduit toutes les places financières à s’interroger sur la nouvelle valeur des actifs et donc des entreprises. Dans une économie dominée par le court terme, il faut certainement revisiter les modèles d’évaluation des actifs et notamment des goodwill. En effet, dans la plupart des cas, l’évaluation de ces derniers est minoritairement fondée sur une approche des résultats prévisionnels à court terme et majoritairement sur une estimation à l’infini.
LPC : Quel moyen de sortir de la crise ?
DK : Si nous sommes davantage dans une crise de confiance que de liquidité, on peut penser que les nombreux plans de soutien et de relance, plus ou moins coordonnés sauront rassurer les marchés et stimuler l’investissement et la consommation. Mais la crise a aussi montré de façon criante qu’il fallait travailler à la mise en place d’une gouvernance mondiale.
LPC : Mais qui est à l’origine ?
DK : Plutôt que d’origine, il vaut mieux parler d’évolution non maîtrisée. Ce sont les ingénieristes financiers, les banquiers et surtout les régulateurs qui ont laissé faire : les produits financiers, les titrisations excessives…. Les comptables ont élaboré les normes comptables et les auditeurs ont eu pour mission de contrôler l’application des normes. Le questionnement sur les IFRS est un mauvais débat. Certes les IFRS ont introduit de la volatilité dans les comptes, mais ce n’est pas la volatilité qui est aujourd’hui en cause ; c’est