Critique du suicide
L’œuvre de Durkheim résiste relativement bien aux critiques même légitimes et fondées. Elle démontre la solidité des relations entre les suicides et le contexte social: «On peut […] contester à l’aide de faits nouveaux telle ou telle explication, observer tel ou tel développement. Le socle durkheimien tient: le noyau de relations mis au jour par Durkheim entre le suicide, le sexe*, l’âge*, l’état matrimonial, la catégorie sociale, la région définie comme un équilibre de grandeurs économiques et démographiques, constitue bel et bien, aujourd’hui encore, pour tout sociologue, le point de départ obligé de la réflexion scientifique sur le phénomène» (Durkheim et le suicide, p. 109). Cependant, s’il est légitime de vérifier et de dégager des corrélations entre différents facteurs sociaux et les comportements suicidaires, on peut se mettre d’accord avec Jacques Pohier pour ne pas généraliser «la conception du suicide comme acte résultant d’une pathologie sociale». Pareille conception est «certainement fondée et très souvent exacte dans les faits, mais si cette pathologie constitue un facteur important dans un grand nombre de suicides, elle peut également ne jouer aucun rôle dans