Cs et ics
Conscience : il n'est pas si facile de définir la conscience. Bergson * estimait ainsi que toute définition de la conscience « serait moins claire qu'elle » : « Vous pensez bien, écrivait-il, que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l'expérience de chacun de nous. » En un sens, en effet, la conscience ne m'est pas extérieure : "ma" conscience n'est pas une chose ou un "être", c'est l'activité par laquelle il y a des choses et des êtres. On peut d'ailleurs penser que définir la conscience comme « intuition (plus ou moins claire, plus ou moins complète) qu'a l'esprit de ses états et de ses actes » (Lalande, Vocabulaire de la philosophie), c'est faire intervenir une notion, l'intuition, qui est elle-même synonyme de conscience : toute définition de la conscience serait ainsi "circulaire" ! On ne pourrait donc en donner que des synonymes. Ainsi, être conscient, c'est s'apercevoir de ce que l'on est, comme de ce que l'on fait ou de ce que l'on dit, aussi bien que de ce qui se passe autour de nous. La conscience disparaît lors de l'endormissement, et nous revient, si l'on peut dire, au réveil. Comme dit Alain * , « dans le sommeil, je suis tout ; mais je n'en sais rien ». J'y suis en quelque sorte sans y être, car privé de conscience. Etre conscient, c'est donc être présent, à soi comme au monde environnant.
Cette conscience spontanée, immédiate, est cependant capable de se représenter à elle-même. On parle alors de conscience réfléchie. La langue anglaise rend nettement compte de cette distinction : awareness désigne en effet la conscience immédiate, préréflexive, tandis que consciousness, dont la forme achevée est la conscience de soi (self-consciousness) renvoie à l'acte réflexif permettant l'introspection. Cet acte par lequel l'esprit se dédouble et s'identifie à la fois implique bien probablement une capacité spécifiquement humaine.
Dans les deux cas toutefois, la conscience est un fait psychologique. Or ce