Au Brésil, la religion de la beauté atteint des sommets. Sur les plages d'Ipanema et de Copacabana, les paires de seins atomiques et de fesses pneumatiques laissent rêveur. Ou perplexe. C'est peu dire que ce pays qui a inventé le string (plaisamment surnommé le « fil dentaire ») est à la hauteur de sa réputation. Tous les ans, 650 000 Brésiliens, des femmes pour l'essentiel, passent sur le billard pour s'offrir des lèvres pulpeuses, un ventre plat ou le décolleté dont elles rêvent. « Ce chiffre est très sous-estimé, car il ne concerne que les chirurgiens affiliés à notre organisation » , précise le docteur Alfonso Acorre, responsable à Rio de la Société brésilienne de la chirurgie plastique. Avec 4 800 membres, ce syndicat regroupe le gratin de la profession. Mais, au Brésil, n'importe qui peut s'intituler chirurgien esthétique avec un simple diplôme de médecin. Les bavures ne sont pas rares. Des « spécialistes » sans aucune pratique ni qualification se font la main sur des clients attirés par des tarifs alléchants. Comme ce boucher qui sévissait dans la région de Brasilia, Marcelo Caron, récemment condamné pour homicides à vingt-neuf ans de prison ferme. Cinq de ses patientes sont mortes sur la table d'opération des suites de liposuccion entre 2000 et 2002, 29 autres l'ont poursuivi pour les déformations graves qu'elles ont subies.
De la racine des cheveux aux doigts de pieds en passant par le remontage des fesses (très tendance) ou le rembourrage des mollets de coq, tout est possible. Et, comme pour la lecture de Tintin, ça va de 17 à 77 ans. « Je vois arriver dans mon cabinet de toutes jeunes filles qui veulent de plus gros seins, confirme le docteur Acorre. Au début de ma carrière, je faisais des liftings entre 50 et 60 ans. Maintenant, ça commence vers 40 ans. » Le tiercé des interventions les plus demandées : l'augmentation mammaire, qui devance d'un cheveu la liposuccion et la chirurgie du ventre. Les Brésiliennes, dont la constitution est plutôt du genre