Cultes civiques
Dans son ouvrage, La Révolution française, Albert Soboul affirme que « l’ambiguïté la plus remarquable de la Révolution française réside certainement dans ses relations avec la religion catholique ». D’une part, elle fut l’une des périodes les plus antichrétienne de notre histoire, avec notamment la laïcisation de l’état civil. Mais de l’autre, elle a suscité la création de cultes civiques parfois comparés au culte traditionnel. Tocqueville affirme ainsi qu’une « sorte de religion nouvelle a inondé toute la terre de ses soldats, de ses apôtres et de ses martyrs ».Les deux textes proposés relatent deux événements distincts à Paris. Le premier est un extrait du Journal d’un bourgeois de Paris. Journaliste dans la Chronique de Paris, Célestin Guittard de Floriban y peint un portrait réaliste d’une multitude d’évènements révolutionnaires entre 1789 et 1796. Cependant, celui-ci insiste souvent sur des détails assez futiles, comme le climat, et occulte d’autres éléments historiques importants. Dans l’extrait proposé, l’auteur place son lecteur au cœur d’une manifestation du culte civique le 20 novembre 1793. Il est donc contemporain à cet événement et peut même y avoir participer. Le second texte, Rapport à la Convention sur la fête de l’Être Suprême du 7 juin 1794 a été écrit par Jacques Louis David, bien plus connu que le bourgeois de Paris. Brillant élève de l’Académie royale puis de l’Académie de France à Rome, ce dernier s’impose dans les années 1780 comme le meilleur peintre d’histoire de son temps. En 1789, au faîte de sa reconnaissance, David peint Brutus qui met les intérêts de la patrie avant ses sentiments paternels, en condamnant ses deux fils qui ont conspiré contre la République romaine. Quelques semaines après la prise de la Bastille, le tableau suscite l’enthousiasme du public parisien au salon. La réputation du peintre va alors paraitre étroitement liée à l’esprit de la Révolution. Sous la Monarchie constituante, David fréquente