Pour cette première fiche de lecture, j’ai choisi le livre de René A. Spitz «De la naissance à la parole », et plus particulièrement les chapitres concernants la carence affective chez le nourrisson. Nous verrons, dans un premier temps, la formation de l’objet libidinal, puis les affects qui peuvent découler de cet établissement et leurs conséquences. Voyons préalablement les lieux d’observation de Spitz lors de ses différents travaux avec les enfants. Deux lieux ressortent principalement dans ses recherches : le Home des Enfants Abandonnés et la Pouponnière. Si ces deux institutions ont beaucoup de points communs, il est une différence fondamentale : c’est les relations mère/enfant qui sont radicalement opposées dans ces deux structures d’accueil, pour enfants en bas-âges. En effet, dans la pouponnière chaque enfant est nourri par sa mère et elle s’occupe de lui. A défaut une mère de substitution, toujours la même, prend le relais en cas d’impossibilité à la mère biologique de faire face. En revanche, dans le cadre du Home d’Enfant, ce sont des infirmières qui s’occupent d’eux, c’est-à-dire qu’il y a une personne pour environ dix enfants. Ceci amène Spitz à penser que chaque nourrisson bénéficie en réalité d’un dixième de substitut maternel.

Voilà donc les cadres d’observation posés, ce qui va nous permettre dans un premier temps de nous intéresser au chapitre huit concernant l’établissement de l’objet libidinal.

Jusqu’au troisième mois environ, le nourrisson n’a pas conscience de l’objet et du monde qui l’entoure. Par exemple, pour le nourrisson, le sein maternel qui le nourrit est en fait une partie de lui-même. L’auteur nomme cette période « stade non-objectal », période caractérisée par un état de non différenciation. Il s’agit même pour lui de narcissisme primaire. Au-delà du troisième mois, l’enfant acquiert une perception sensorielle et visuelle de l’objet par le biais du sein maternel lors de l’allaitement. Il entre aussi dans une nouvelle période