Des metteurs en scène ont supprimés l’acte V lors de la représentation de Lorenzaccio, qu’en pensez-vous ?
La suppression pure et simple de cet acte est ainsi le parti-pris d'Armand d'Artois en 1896 mais comment faire cela sans rompre la symétrie et l'équilibre de la pièce ?
La première possibilité serait de considérer que l’action essentielle de la pièce est celle de Lorenzo et que l’acte V n’apporte rien de plus à l’action de Lorenzo. En effet, les scènes de l’acte V dans lesquelles Lorenzo apparaît ne font pas de lui un héros, et ne font au contraire que confirmer le tempérament mélancolique de Lorenzo qui désespère à l’annonce de la mort de sa mère et devant son acte manqué qui lui vaut une condamnation à mort. Dans ces scènes, on voit son indifférence face à la mort qui le condamne étant donné qu’il est lynché par la foule et ce second meurtre ne fait que plonger celui du duc, dans une forme de banalité. Ainsi, un « recentrage » de l'action sur Lorenzo a pour avantage de resserrer l'action de la pièce car de ce fait les manipulations dans l'ombre de Cibo, les ambitions politiques de Pierre Strozzi sont totalement secondarisées, et cela amplifie sa dimension psychologique. Le caractère paradoxal et énigmatique du personnage qui constitue l'intérêt de la pièce, entre débauche et pureté, sacrifice et cynisme est ainsi mis en avant grace à la