Descartes, dioptrique, discours iv
Le texte soumis à notre étude est extrait du quatrième discours de La Dioptrique de Descartes. Dans la problématique chère à l’auteur de l’union de l’âme et du corps, il convient de se demander comment l’âme peut se rapporter aux objets qui lui sont extérieurs. Telle est la difficulté abordée dans notre passage. Si l’âme n’est pas en son corps comme un pilote dans son navire, c’est parce qu’elle est unie à son corps d’une manière intime, telle que les évènements du corps affectent l’intériorité de l’âme. C’est précisément ce qui lui permet de « sentir » les objets qui lui sont extérieurs. Mais sur quel mode l’âme peut-elle percevoir ces objets ? Est-ce par le moyen d’images ressemblant aux objets que ces derniers lui enverraient, comme le supposent les scolastiques ? Ou à l’inverse, ces images sont-elles formées par l’âme lorsqu’elle est mise en contact avec des objets ? A la question de savoir si c’est l’âme ou bien les objets qui forment des images s’en ajoute une autre, celle de savoir de quelle « nature » sont ces images qui permettent à l’âme de percevoir les objets. Ces images sont-elles identiques en tout point aux objets qu’elles représentent, ou d’une autre manière, n’ont-elles en commun avec ces objets que quelques traits généraux. Les scolastiques ont mis au point une théorie des espèces, selon laquelle les corps envoient vers les organes des sens de petites images qui leur ressemblent. La réfutation en trois points de cette théorie constitue le premier moment de l’extrait qui s’étend jusqu’ « aux choses qu’elles signifient » à la ligne 12. Si Descartes récuse cette théorie ce n’est pas tant parce qu’elle suppose que les objets « envoient véritablement leurs images », ce qu’il sera conduit à accepter, mais parce qu’elle suppose que ces images « ressemblent » aux objets qu’elles reflètent. Les raisons justifiant cette critique font l’objet du second moment de l’extrait. Nous comprendrons alors que les images au moyen