Descartes, les passions de l'âme
Descartes : Les Passions de l’âme
Dans la préface des Passions de l’âme le philosophe signale d’emblée sa différence et son originalité d’avec les anciens. Cette différence consiste essentiellement dans sa méthode : « mon dessein n’a pas été d’expliquer les passions en orateur, ni même en philosophe moral, mais seulement en physicien ». Cela signifie que pour Descartes l’explication va simplement consister dans la mise en évidence de la nature et du mécanisme de production des passions. C’est uniquement une telle explication, d’essence scientifique, c'est-à-dire plus rigoureuse, qui pourra nous être véritablement utile1. Le discours moral, s’il y en a un, aura désormais un fondement solide. Cependant, à la différence de la méthode, le but de l’ouvrage ne diffère pas de celui des anciens, à savoir : parvenir à une vie meilleure dès cette vie et d’y trouver son contentement2.
I. « Des Passions en générale et par occasion de toute la nature de l’homme » (art. 1 à 50). A. Propos généraux sur les passions. « Pour commencer, je considère que tout ce qui se fait ou qui arrive de nouveau est généralement appelé par les philosophes (Cf. Suarez, Disputations métaphysique, 48, 1, 9) une passion au regard du sujet auquel il arrive, et une action au regard de celui qui fait qu’il arrive » (art. 1). Ce qui signifie que la passion ne diffère de l’action que relativement au point de vue à partir duquel on le considère. Ainsi, une passion du point de vue de l’âme sera une action du point de vue du corps. D’emblée, nous pouvons constater que nos passions sont loin d’émaner de notre âme, mais de notre corps auquel l’âme est immédiatement jointe. Pour mener à bien l’étude sur les passions il faut une méthode. La méthode cartésienne consiste à distinguer radicalement ce qui appartient à l’âme et ce qui appartient au corps (art. 2-3). Ce qui appartient à l’âme c’est la pensée et au corps la chaleur et le mouvement (art. 4). De