Devoir français
CÉLIMÈNE Mais, si c’est une femme à qui va ce billet,
1345 En quoi vous blesse-t-il ? et qu’a-t-il de coupable ?
ALCESTE Ah ! le détour est bon, et l’excuse admirable,
Je ne m’attendais pas, je l’avoue, à ce trait :
Et me voilà, par là, convaincu tout à fait.
Osez-vous recourir à ces ruses grossières :
1350 Et croyez-vous les gens si privés de lumières ?
Voyons, voyons, un peu, par quel biais, de quel air,
Vous voulez soutenir un mensonge si clair :
Et comment vous pourrez tourner, pour une femme,
Tous les mots d’un billet qui montre tant de flamme ?
1355 Ajustez, pour couvrir un manquement de foi,
Ce que je m’en vais lire...
CÉLIMÈNE Il ne me plaît pas, moi. Je vous trouve plaisant, d’user d’un tel empire,
Et de me dire, au nez, ce que vous m’osez dire.
ALCESTE Non, non, sans s’emporter, prenez, un peu, souci 1360 De me justifier les termes que voici.
CÉLIMÈNE Non, je n’en veux rien faire ; et, dans cette occurrence,
Tout ce que vous croirez, m’est de peu d’importance.
ALCESTE De grâce, montrez-moi, je serai satisfait,
Qu’on peut, pour une femme, expliquer ce billet.
CÉLIMÈNE 1365 Non, il est pour Oronte, et je veux qu’on le croie [17] ,
Je reçois tous ses soins, avec beaucoup de joie,
J’admire ce qu’il dit, j’estime ce qu’il est ;
Et je tombe d’accord de tout ce qu’il vous plaît.
Faites, prenez parti, que rien ne vous arrête, 1370 Et ne me rompez pas,